Blog de la neurovitalité

Écouter le cerveau, apaiser le corps, nourrir le vivant en soi

Et si vos blocages étaient des signes de fidélité à votre histoire ?

par | Juil 4, 2025 | Hypnose

Ce n’est pas « contre » vous

Vous ressentez un blocage. Pas tout le temps, mais souvent dans les mêmes contextes : quand il faut poser une limite, demander quelque chose, faire un choix, ou vous affirmer. Quelque chose en vous se contracte, hésite, fuit ou se fige.

Pourtant, vous avez travaillé sur vous. Vous avez compris beaucoup de choses. Et malgré cette clarté, le comportement ne change pas. Pourquoi ? Parce que ce que vous appelez « blocage » est souvent une réaction automatique de survie, enracinée bien plus profondément que le mental.

Une stratégie de protection, pas une défaillance

Ce que vous vivez comme une limite est souvent un apprentissage corporel précoce, une mémoire émotionnelle implicite. Ce sont des comportements qui ont un jour permis de maintenir le lien, d’éviter la douleur, d’assurer la sécurité affective. Et que votre système nerveux a conservés.

Prenons un exemple : un enfant qui a perçu que s’exprimer entraînait colère ou rejet pourra, adulte, inhiber ses émotions sans comprendre pourquoi.

« Tout enfant, pour survivre, s’adapte au climat affectif dans lequel il naît. Ce qu’il perçoit devient la loi de sa réalité. » — Boris Cyrulnik, Un merveilleux malheur, 2001

L’inconscient : une construction sensorielle et relationnelle

Le psychisme humain ne se développe pas dans le vide. Il se structure dans la relation, par l’expérience sensorielle et affective. Le jeune enfant est plongé dans un état de conscience dominé par les ondes θ (thêta) (Dispenza, 2012), qui favorisent l’absorption inconsciente : il ne raisonne pas encore, il absorbe.

Chaque regard, tension, absence, geste, tonalité devient un repère implicite. Ce que l’enfant vit, il le perçoit comme la norme universelle. Et il adapte ses réactions en fonction de cette réalité perçue. Il construit ainsi une carte mentale du monde, qui continuera d’influencer ses comportements bien longtemps après l’enfance.

« Le bébé est une personne. Il est déjà porteur de désir et de mémoire sensorielle. » — Françoise Dolto, Lorsque l’enfant paraît, 1977

Ces mémoires affectives sont codées sous forme d’engrammes neuronaux : des circuits automatiques de réaction qui, à force de répétition, finissent par devenir invisibles.

De l’émotion à la biologie : comment le corps imprime le passé

La recherche en neurobiologie et en épigénétique montre que ces expériences précoces influencent durablement notre être :

  • Elles conditionnent la régulation des neurotransmetteurs (dopamine, sérotonine, cortisol).
  • Elles modifient la réponse immunitaire.
  • Elles influencent l’expression même de nos gènes.

« Nos croyances, bien plus que notre héritage génétique, modulent l’activité des cellules. » — Bruce Lipton, The Biology of Belief, 2005

Un enfant exposé à un climat affectif instable, où l’attention est conditionnelle, peut développer un profil neurochimique de survie : hypervigilance, troubles du sommeil, troubles digestifs, besoin de contrôle, etc.

Ces adaptations, si elles ne sont pas mises à jour, deviennent des troubles du comportement, voire des facteurs de somatisation ou de maladies chroniques.

Quand le conflit intérieur pousse au changement

Tôt ou tard, la carte mentale construite dans l’enfance entre en conflit avec ce que la vie exige aujourd’hui. Ce qui était adaptatif devient une entrave. Ce qui était protecteur devient douloureux.

C’est souvent un conflit entre l’inconscient et le conscient : L’inconscient gouverne plus de 90 % de nos réactions automatiques, pensées et comportements quotidiens (Lipton, 2005 ; Dispenza, 2012). Il agit selon les règles anciennes du corps, de l’émotion, de la mémoire implicite. Mais une autre part de nous — le conscient, même minime, commence à voir que ces schémas ne conviennent plus. Il veut évoluer, choisir autrement, s’émanciper.

Ce décalage crée une dissonance interne, un tiraillement entre ce que nous faisons malgré nous, et ce que nous ressentons juste d’incarner désormais. C’est ce tiraillement qui pousse souvent à consulter, à chercher, à changer.Ce moment de bascule s’accompagne souvent :

  • de conflits répétitifs,
  • de burnout ou perte de sens,
  • de crises existentielles,
  • de troubles physiques chroniques,
  • ou de somatisations diffuses : douleurs inexpliquées, tensions persistantes, fatigue chronique, troubles digestifs ou inflammatoires.

Le corps devient alors le lieu de ce conflit : il exprime par le symptôme ce que le mental ne parvient plus à contenir.

Des recherches en psychosomatique ont montré que les troubles somatiques chroniques peuvent être l’expression d’émotions non reconnues ou non exprimées. Selon le Pr Marc Héritier (CHU de Lyon), « la somatisation est la traduction corporelle d’un conflit intrapsychique non symbolisé », autrement dit, un affect qui ne trouve pas de représentation mentale investit alors le corps comme seul exutoire.

Le neuropsychiatre Antonio Damasio, de son côté, souligne que « le corps garde la trace des émotions non digérées », ce qui explique pourquoi certaines pathologies chroniques s’enracinent dans des épisodes émotionnels mal traités (Damasio, The Feeling of What Happens, 1999). Comme le rappelle le Dr Gabor Maté : « Lorsque le corps dit non, c’est souvent qu’une part de nous n’a jamais pu dire oui à ce qu’elle vivait. » (Quand le corps dit non, 2003).

Ces perspectives font écho aux travaux du biologiste cellulaire Bruce Lipton, qui a démontré que notre environnement émotionnel et nos perceptions influencent l’expression de nos gènes. Il montre que l’information perçue par nos cellules — notamment à travers les émotions — a un impact plus fort que la génétique elle-même (Lipton, 2005).

Par ailleurs, les recherches du Dr Masaru Emoto sur la cristallisation de l’eau ont illustré comment les mots, les intentions et les émotions influencent la structure moléculaire. Bien que controversées, ses expériences visuelles donnent un appui symbolique fort à l’idée que notre état intérieur modèle notre environnement cellulaire. Emoto affirmait que « l’eau capte l’intention » — une image puissante pour comprendre l’impact de nos ressentis sur le corps humain, composé à plus de 70 % d’eau.

Ce n’est pas une régression. C’est le corps qui dit non à une ancienne façon de fonctionner. C’est l’inconscient qui appelle à une nouvelle forme de cohérence.

L’hypnose fonctionnelle : un espace pour réorganiser

L’hypnose fonctionnelle ne vise pas seulement à revisiter un schéma ou apaiser un symptôme : elle offre un véritable espace de rééducation du lien intérieur. À travers l’expérience d’un état de sécurité incarnée, le corps peut découvrir qu’il n’a plus besoin d’être en alerte permanente, qu’il peut exister autrement.

Ce processus n’est pas intellectuel, mais sensoriel et organique. C’est une façon de passer d’un mode de survie à un mode d’autonomie, en laissant le corps ressentir qu’un nouveau fonctionnement est possible, soutenu et stable.

« Jusqu’à ce que vous rendiez l’inconscient conscient, il dirigera votre vie, et vous l’appellerez le destin. » — Carl Gustav Jung.

L’état hypnotique se caractérise notamment par une modification des ondes cérébrales. On observe une transition progressive de l’activité bêta (état d’éveil) vers des fréquences alpha, voire thêta, associées à la relaxation, l’imagerie mentale et l’apprentissage profond. Ce glissement vers des ondes plus lentes induit un abaissement du seuil de vigilance, c’est-à-dire une ouverture vers des états plus réceptifs et moins contrôlés cognitivement.

Ce type d’état n’est pas nouveau : il rappelle l’état naturel de l’enfant en bas âge, dont le cerveau fonctionne majoritairement en ondes thêta. L’hypnose permet ainsi de recréer un terrain favorable à l’enregistrement de nouvelles expériences, là où les résistances mentales s’atténuent temporairement.

Comme le décrit Joe Dispenza (2012), cet abaissement des ondes permet d’accéder à une zone d’apprentissage implicite, où l’on peut désactiver d’anciens circuits et en créer de nouveaux. En ce sens, l’hypnose est un retour temporaire à un état neurodéveloppemental, mais au service de la transformation adulte.

Loin de vouloir supprimer un symptôme, l’hypnose fonctionnelle invite à écouter ce que ce symptôme signale. Elle crée les conditions neurobiologiques pour qu’un schéma ancien puisse être décodé, revisé, intégré différemment.

Les recherches (Spiegel, INSERM, Ricard & Davidson) montrent que :

  • l’amygdale (régulation de la peur) diminue son activité,
  • le cortex préfrontal (contrôle) se relâche,
  • l’hippocampe (mémoire émotionnelle) devient plus accessible,
  • des ondes gamma favorisent l’intégration d’expériences nouvelles.

« L’hypnose agit comme un catalyseur d’apprentissage neuroémotionnel. » — David Spiegel, Stanford University, 2016

Et si l’hypnose modifiait aussi notre rapport au temps ?

Et si vous pouviez, l’espace d’un instant, ressentir le temps autrement ? Imaginez : dans l’état hypnotique, les secondes s’étirent, les souvenirs se superposent, et un futur encore flou commence à vibrer dans le présent.

Cette sensation n’est pas rare : beaucoup décrivent un temps suspendu, une perte de repères chronologiques, ou une impression que « tout est là en même temps ». Ce n’est pas un hasard : sous hypnose, la modification des ondes cérébrales induit un état où les filtres rationnels s’atténuent, rendant la perception plus symbolique que linéaire.

Dans cette bulle d’espace-temps, il devient possible d’entrer dans une boucle où le passé agit encore, le futur envoie déjà des signaux, et le présent devient un carrefour entre les deux.

📚 Sources

  • Leterrier, R., & Morisson, J. (2021).Se souvenir du futur. Editions Trédaniel.
  • Cyrulnik, B. (2001).Un merveilleux malheur. Odile Jacob.
  • Dolto, F. (1977).Lorsque l’enfant paraît. Seuil.
  • Lipton, B. (2005).The Biology of Belief. Mountain of Love/Elite Books.
  • Dispenza, J. (2012).Breaking the Habit of Being Yourself. Hay House.
  • Spiegel, D. et al. (2016).Neural correlates of hypnosis. Stanford University.
  • Ricard, M. & Davidson, R. (2004).Gamma oscillations in meditation. University of Wisconsin.
  • Siegel, D. (2012).The Developing Mind. Guilford Press.
  • INSERM (2015).Efficacité de l’hypnose dans la prise en charge de la douleur. Ministère de la Santé. .